Moi à l'âge de 4 ans |
L’alimentation et la forme physique sont deux sujets de
conversation qui nous hante quotidiennement. Plonger dans la surinformation,
les recommandations, les régimes, les images
corporelles modèles,
l’alimentation saine vs la malbouffe, chacun se perd à sa façon dans ce
tourbillon saillant. Bien que certaines personnes soient plutôt choyées par la
nature génétique, d’autres comme moi, constate qu’un combat contre un surpoids
sera imminent et pour la vie.
Je suis le parfait exemple de la jeune fille qui dès son
jeune âge présentait des signes de surpoids. Physiquement active comme tout
enfant l’est, l’initiation aux sports n’était toutefois pas une pratique
familiale commune. Jusqu’à l’âge de 5 ans, j’étais la parfaite petite fille qui
ne se questionnait pas sur son physique. Jusqu’au jour où les bourrelets sont
apparus et la différence visuellement marquante. Dans mon cas, je ne crois pas
avoir réalisé l’ampleur du problème avant l’adolescence où l’image du corps
parfait nous est projetée comme une marque de commerce. Malgré ma conscience
face au problème et aux commentaires vagues de mon entourage sur la question ne m’effrayait plus ou moins.
Et un jour, je réalise que de mes 5 pieds 2 pouces, je pèse
220 lbs à 23 ans. Un parcours de vie inactif et une malbouffe quotidienne sont bien évidemment les conséquences de ce
corps gras. Totalement accepté par mon conjoint depuis déjà 9 ans, la question
de séduction n’est plus une nécessité. L’acceptation de soi dans ce corps est
devenu normal et le reflet dans le miroir un mensonge. L’appel de la maternité
sonne à ma porte et mon souffle coupé en montant quelques marches d’escalier me crée un choc spontané. Je ne
peux plus continuer.
On entend tous parlé de régime miracle et malgré ma
réticence aux régimes, j’aborde le sujet lors de mon examen annuel chez le
médecin. J’enclenche la conversation avec lui sur la question de ma réserve à
insurger des produits douteux dont les ingrédients ressemblent à des termes
pharmaceutiques. Sa réponse me sidéra : France, bien que tu doutes des bienfaits de ce régime et de ses
composantes, sache que tu n’es présentement pas en santé. Donc, il vaudrait possiblement
mieux de l’essayer que de rester ainsi! Ta génétique ne joue pas en ta faveur
et comme une personne diabétique, tu auras à combattre l’obésité toute ta vie.
Ce moment restera à graver à jamais dans ma tête. Il fallait qu’une personne
extérieure me dise la vérité sur mon état de santé pour que je comprenne
finalement qu’il en était assez. En ajoutant quelques aveux sur mon intérêt à
devenir une maman dans les prochaines années, mon médecin déroule en quelques
phrases des mots simples mais francs qui me font réaliser que j’aurai à
supporter le poids d’un enfant et qu’une vie dépendra de moi… je retourne à la
maison exténuée et confuse. C’est le début d’une nouvelle vie.
Les mois qui suivirent se résumèrent à un
régime strict qui me permit de perdre 70 lbs en 7 mois. Était-ce si
magique ? Non, car ce n’était que temporaire ou comment dire… une aide
pour retrouver un poids santé avant d’avoir mes deux petits hommes. Bien
évidemment, une bonne prise de poids c’est installée (et en parti demeurée)
avec les grossesses mais la prise de conscience c’est fait plus forte.
Près de 6 ans se sont écoulés et je ne
cesse d’évoluer et d’explorer les possibilités qui me permettent de continuer à
lutter contre l’obésité mais également d’éduquer mes enfants à l’importance
d’une saine alimentation, de la pratique du sport au quotidien et du bien-être
mental à apprivoiser : purées maison, collations santé, activités
sportives, alimentation dirigée vers le végétalisme, sport, courses, courses
officielles, entraînements, courses à obstacle, mise en forme, initiation aux
sports pour les enfants, alimentation biologique, découvertes d’aliments plus sains
et diversifiés, mise en place d’un programme pour la santé
physique-alimentation-santé mentale au travail, page de motivation personnelle,
découverte des MV, gym, premier don de sang, etc.
La course, je l’ai exploré à mon deuxième
congé de maternité. Entrecoupée de séances de vélo (que j’adore), la
course interpella par l’entremise d’un bon ami qui pratiquait ce sport
religieusement. Ce bon ami, mon meilleur ami, je l’appelle fièrement mon ‘coach
Benson’. Il est ma source d’inspiration première en ce qui attrait à mes
entraînements de course à pieds. J’ai commencé tranquillement il y a maintenant
3 ans. J’ai eu des phases de courses creuses, des phases plutôt positives et
certaines inexistantes. Mais, ces conseils m’ont toujours persuadé d’enfiler mes
souliers et partir vagabonder. Puis, en octobre 2014, je me suis dit… Je
pourrais courir un demi-marathon pour mes 30 ans ? J’ai enfilé mes souliers et
je suis allée courir 21 km en 3 h. Je l’ai fait sans entrainement donc je
savais alors que je pouvais le faire pour vrai. Un an d’entrainement c’est
écoulé dont 16 semaines intenses. C’est Benson qui a couru 2 séances par
semaine à mes côtés pour mon entrainement du demi-marathon que j’ai fait le 20
septembre dernier. Seize semaines intenses à parcourir de longues distances à
des chaleurs record. Oui, c’était difficile. Il y a eu plusieurs ‘mauvaises’
courses qui m’ont découragé. Par contre, cette course représentait trop pour
moi pour décider d’arrêter… je devais continuer!
On dit qu'il faut 6 mois pour changer une
habitude ou en acquérir une nouvelle. Je crois qu'avec mes 3 ans de course mais
surtout ma dernière année, je peux confirmer que l'entrainement/course fait
maintenant partie de ma vie quotidienne. Pour moi, franchir la ligne d’arrivée
ce dimanche-là, c’était me prouver que je pouvais réaliser quelque chose de
bien, quelque chose de grandiose, quelque chose pour moi et pour contrer mon
problème d’obésité. À la ligne d’arrivée, je me suis écroulée en larmes. Des
larmes de fierté, de douleur, de bonheur et de gratitude. À ces émotions s’ajouta le décès de ma mère Nicole qui nous a quitté alors que mon premier petit homme n’avait que quelques mois et qui m’encourageait toujours dans chacune des phases de ma vie. Je l’ai donc amené avec moi lors de ses vingt-et-un kilomètres.
Mon moi active et heureuse avec ma famille et mon amoureux |
Bien que mon combat ne s’arrête pas
seulement à la pratique de la course, celle-ci prend une place plutôt
importante dans ma vie pour mon soutien moral et physique. La musique qui vibre
au fond de mes oreilles me fait vagabonder d'une idée à l'autre jusqu'à
m'emporter vaguement à un profond silence intérieur... celui qui me fait sentir
soudainement vivante. Ce moment où plus rien n'existe autre que le vide soudain
qui m'envahit et me fait sentir totalement bien. J'adore ce moment!
J’adore ce moment qui me rappelle que je
suis ici, maintenant. J’adore ce moment qui me fait croire que je suis
surhumaine. Je contemple ce moment qui me permet de mériter fièrement la forme
physique que j’ai. La course ce n’est pas tout… mais chacun de mes pas me
permettent de croire un peu plus en moi. Et, ce premier 21 km fera partie de
mon histoire à jamais !
Mon premier demi-marathon le 20 septembre 2015 |