samedi, février 14, 2015

Ma crise de la 30taine - deuxième partie

« Petite parenthèse sur ma vie - le passé que je ne veux plus voir dans ce miroir »

On passe sa vie à plaire et respecter les autres pour être apprécié. On est empreint de valeurs familiales puissantes qui nous rend plus humain et doux. Malgré tout, je me suis souvent sentie seule et rejetée. Derrière ses grands sourires et rires se cachent une jeunefugueuse à la jeunesse troublante, une adolescence violante et une jeune adulte trop responsable. Lorsque je pense à tous ses événements ou moments, je me vois toujours comme une personne qui raconte l'histoire d'une autre. Comme si c'était impossible de vivre autant de monstruosités et de moments de consolation à la fois. C'est comme si ma vie avait navigué sans cesse dans des vagues houleuses. Une année de tempête entremêlée d'aventures parmi un amour maternel oublié. Une seconde année ou les éclairs fracassaient le sol à quelques mètres de moi alors qu'une personne me tendait la main pour me sauver du choc éblouissant qui s'acharnait sur mon être. En fait, c'est en écrivant au moment même ce texte que je réalise que sans l'amour de ma grand-mère et de mon conjoint, j'aurais certainement coulé au fond de cet océan de confusion et de mal profond constant. Ce manque que j'ai cherché à combler les 25 premières années de ma vie. Ce manque que j'ai compris au décès de Nicole. Parce qu'au lieu d'apprécier l'amour qu'elle me donnait, je préférais m'acharner sur cet amour maternel absent qui m'avait toujours troublé. Je vois cette petite fille prier maman Marie et murmuré à la toute fin : « Maman Marie, toi tu es ma réelle maman. Jamais tu ne m'abandonneras ou cesseras de m'aimer ». Bien que je ne suis plus pratiquante, j'avoue que ces « Je vous salue Marie » et « Notre Père » fût partie intégrante de mon rituel quotidien en bas âge. Je les remerciais d'avoir mi Nicole sur mon chemin... mais je n'avais pas conscience de tout ce que cela représentait. Tourmentée sur plusieurs points, j'ai plus de mauvais souvenirs que de bons. Heureusement, les bons ont fait de moi une femme responsable dès l'âge de 16 ans. Mais mes tourmentes me hantent toujours à l'ombre de mes 30 ans. Ce visage inconnu c'est cette femme tourmentée qui doit continué d'avancer.

.....

Devant le miroir, j'affronte soudainement ses trois cheveux blancs. Mon sourcil gauche s'élève et je me questionne alors sur quand ils sont apparus. Je passe ma main pour écheveler un peu mon toupet pour en apercevoir davantage! Je regarde avec attention ses grands yeux cachés depuis près de 18 ans derrière des lunettes pour y voir des cernes de fatigue et une pâleur marquante. Je me regarde comme je ne me suis jamais regardé depuis 4 ans et demi. Alors que je me vois quotidiennement devant tous ses miroirs accessibles, c'est la première fois que je me décortique ainsi. Celle que je vois dans le miroir quotidiennement est le reflet d'une étrangère tentant de survivre aux mépris de sa vie surchargée. C'est à ce moment même que je réalise que durant ses 29 dernières années, je n'avais pas eu le temps d'apprendre à connaître cette quasi-étrangère l'autre côté du miroir... moi.

Toujours devant ce miroir, je me regarde attentivement et je me questionne profondément. Qui suis-je ? Qui est cette femme de 29 ans ? Quels sont ses rêves ? Quelles sont ses passions ? Et c'est à ce moment précis, quand les réponses se font muettes, que le malaise de regarder cette inconnue dépasse tout attente. L'angoisse jailli, le respire s'intensifie, les yeux s'assombrient.... j'ai 29 ans bientôt 30 et je ne sais pas qui je suis!

Mais qu'est-ce donc ce malaise ? Je me questionne et finalement, je crois que c'est cela la crise de la trentaine : ce malaise envahissant de voir cette femme oubliée l'autre côté du miroir. Réaliser que la vie file maintenant à une vitesse spectaculaire depuis l'arrivée de mes enfants et que malgré tous mes efforts à bien organiser la vie familiale, je me suis perdue entre des listes d'épicerie, une course et les cours de gymnastique. Ma tête pense sans arrêt aux repas, vêtements, besoins de l'un et de l'autre, puis à ce que nous ferons demain, après demain, dans une semaine, deux semaines, le mois prochain et finalement les prochaines années. Ma tête est un calendrier qui exécute mille et une pensées.

Puis soudainement, c'est une remise en question envahissante sur l'histoire de mon passé, mon présent, mais surtout mon futur, qui bouillonne dans ma tête. Les idées s'entremèlent et je réalise qu'il est temps de faire le point sur cette étrangère que je dois apprendre à connaître. Je dois m'enrichir intérieurement avec des défis personnels et des buts plus précis. Je dois me donner le droit d'essayer mais surtout le droit de me tromper et de tomber. Je dois creuser au plus profond de mon être afin de pouvoir dresser une liste de mes pulsions et passions qui dorment tranquillement au fond de mon regard fuyant. Je dois faire mon deuil sur la souffrance de ma jeunesse et arrêter de m'acharner sur la tragédie des 15 premières années de ma vie. Je dois aller de l'avant, regarde au loin... le soleil levant au dessus de cet océan.

L'horloge s'arrête un instant dans ma tête et l'univers tourne au ralenti. Le soleil se lève, illuminé comme jamais. Un cri démentiel intérieur s'évacue lentement! Je ne connais peut-être pas celle que je vois, mais je suis déterminée à changer ce regard pour le reconnaître dans 10 ans. C'est maintenant et aujourd'hui, que je réalise être entièrement responsable de mon avenir et de mon bonheur. Pour mes 30 ans, je décide de me choisir. Je décide de me dépasser, être en santé et vivre mes passions. Je ne veux plus manquer le départ des navires qui peuvent me transporter sur divers continents et me faire découvrir le monde.

« J’ai 29 ans… bientôt 30 »!

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