vendredi, février 13, 2015

Ma crise de la 30taine - première partie

Quand on est jeune, on rit bien des gens qui parlent de la crise de la 30taine, 40taine, 50taine. Comme si tous ses chiffres ronds, ses dizaines bien parfaites provoquaient un choc profond chez l’humain que l’on ne parvient pas à comprendre. Ça demeure un mythe, une blague et une série de discussion pour rire entre amis qui ont survécu sans émoi à la 20taine. On ricane lorsqu’on discute de la remise en forme, la moto et le chalet de Réjean (40taine) ainsi que des cours de danse, le saut en parachute et le nouveau régime végétarien de Nathalie (50taine). On croit comprendre le phénomène sans plus. Puis un jour, on a 29 ans… bientôt 30!

On passe les 10-15 premières années de sa vie à subir le choix des autres. On joue, on grandit rapidement et on ne se questionne pas réellement sur l’essence de la vie. On est petit, on apprend tous les jours sur les bancs de l’école, auprès de sa famille et de ses amis. Malgré cette emprise d’être jeune et dépendant des adultes, on est libre sans le comprendre. Nos responsabilités sont moindres, nos engagements volontaires et notre temps libre quasi-infini.

Un jour, le mal de vivre survient. Pourquoi suis-je traité comme un enfant ? Le besoin d’indépendance fait rage. On se perd dans son raisonnement. On tente de comprendre la vie qui nous semble si ennuyante et souffrante. Nous sommes confrontés à l’amour, la trahison, les hauts et les bas. Notre corps change sans nous avertir, on se sent démuni face à ses changements trop rapides qui provoquent un malaise indescriptible à la poitrine. On veut prouver qu’on est responsable mais en même temps, nos comportements et choix défient largement nos intentions premières. On confronte ses pires ennemis intérieurs et même si nous sommes moins touchés ou affectés que d’autres, notre entourage tourbillonne bizarrement. Ce n’est que quelques mois ou années plus tard que l’on comprend que c’était cela une crise d’adolescence.

Les études achèvent. L’emploi temps partiel subvient correctement à nos besoins. On devient adulte jour après jour. On comprend de plus en plus l’essence du mot responsabilité et liberté. On vit de peu mais paisiblement. On passe 90 % de son temps avec notre famille élargie : nos précieux amis. Certains sentiront le besoin de conquérir le monde, d’autres découvriront leur passion à travers leurs études, d’autres tourbillonneront dans l’incertitude. On ressent le besoin de prouver qu’on a compris le sens du mot : vivre. On sait que notre avenir nous appartiendra sous peu, mais on prend cela à la légère. On vit d’émotions !

Dans cette jeunesse fébrile, certains feront le grand saut. Devenir un parent à son tour : un besoin émotionnel incompris. En plongeant dans cet aventure qu’on croit inné, on sera confronté à la souffrance, l’incompréhension, le mal de vivre, les échecs continuels, l’épuisement et parfois même les regrets. Mais par-dessous tout, en dessous de cette mer où on se sent immergée, on nage plus souvent qu’autrement paisiblement dans une eau remplie d’amour inconditionnel. Un simple sourire nous ramène à l’essentiel. On aime comme on n’a jamais aimé. On comprend soudainement les soucis de nos propres parents et l’amour qu’ils ont eu (ou non) pour nous. On flotte sur une vague en mouvement. Le temps file. On attrape tous les petits moments d’amour qui passent. On voudrait que le temps soit plus long, que les semaines aient plus de jours pour apprendre à connaître et aimer davantage nos enfants. C’est l’amour grandiose à son apogée, tout simplement! Et un jour, on se regarde dans le miroir pour réaliser que pendant ses années à passer chaque secondes à regarder nos enfants grandir, on a oublié de regarder ce visage qui vieilli : le nôtre!

Dans ce miroir où miroite maladroitement trois cheveux blancs, l’horloge biologique sonne : « J’ai 29 ans… bientôt 30 »! 

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